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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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28 mai 2007

Le maternage proximal n'est pas une assurance tous risques!

Depuis quelques temps, le voile se lève de plus en plus sur ce qu'on appelle le maternage proximal, c'est à dire l'art d'éduquer son enfant en étant à l'écoute de ses besoins physiologiques et psychiques les plus primaires. Dormir avec lui, l'allaiter jusqu'à ce qu'il ait largement passé le stade de la marche, le porter en écharpe, pratiquer l'hygiène naturelle (sans couches), ne pas donner de fessées ou tapes, l'accompagner dans ses pleurs, communiquer de façon non violente sont des exemples parmi d'autres des "principes" du maternage proximal.

Je découvre tout cela depuis 7 ans et j'avance toujours un peu plus sur ce chemin. Si nous réussissons un jour à faire ce troisième qui tarde tant, je pense que j'irai encore plus loin dans l'écoute de mes instincts naturels que je ne l'ai fait pour les deux premiers.

Mais il y a pourtant un discours ambiant qui m'énerve un peu et qui risque parfois de fausser les raisons pour lesquelles une jeune maman peut vouloir ou non adopter le maternage proximal. Ce discours consiste à dire que toutes les choses citées plus haut sont les meilleures qui soient pour l'enfant. Comme le signalait très justement Pascale dans son article, il est complètement stupide d'expliquer à la Nature qu'elle est meilleure que les trucs artificiels puisqu'a priori, tout a été conçu pour fonctionner à l'état naturel.

J'entends par là qu'il est grotesque de vouloir PROUVER que l'allaitement est meilleur que le lait maternisé puisqu'on n'a jamais vu un animal donner le biberon à son petit. Grotesque de vouloir prouver que le portage est meilleur que les outils multi-fonctions de la puériculture puisque l'on n'a jamais vu un koala ou un singe pousser un landau. Nous faisons partie de la Nature (je sais, je le répète toujours!) et par là même, elle nous a fourni tout ce qui était nécessaire pour nous occuper de notre petit : des mamelles, un corps chaud, des bras et des jambes musclés (si, si!), tout pour nourrir, porter et réchauffer notre petit.

Après vient bien sûr la CULTURE et il est clair que nous n'avons pas la même qu'une tribu d'Amazonie. De fait, parce que nous obéissons aux codes culturels, nous pouvons faire le CHOIX d'un autre mode d'éducation. Ce n'est ni bien ni mal et il n'y a aucun jugement dans mon propos, c'est juste le respect de notre fonctionnement culturel. N'empêche, mêmes celles qui "biberonnent", "poussettent" et font dormir leur bébé dans une chambre séparée, ne pourront pas le nier : ce n'est pas NATUREL.

Alors, messieurs les scientifiques, pédagogues, pédiatres, psychologues et autres sociologues, pas la peine de vous escrimer à faire des tests par centaines pour nous prouver que le maternage proximal est le meilleur, on le sait. La Nature l'a voulu ainsi. Maintenant, libre à chaque femme, à chaque famille, de faire le choix qui lui convient.

Pourquoi insister sur ce choix et ne pas défendre moi aussi, l'allaitement longue durée, le cododo et le portage, alors qu'Aspen et moi en parlons, le faisons?

Parce que je me rends compte que certaines mamans, culpabilisées par les discours ambiants ou influencées par les résultats des tests scientifiques, font un choix qui n'est pas celui de leur coeur, avec des conséquences parfois dramatiques pour les bébés et les mamans. Je me rappelle cette nièce qui allaitait sa fille parce que "les médecins disent que c'est bon pour elle". Seulement elle vivait très mal cet allaitement, elle se sentait salie, humiliée par ce geste, impudique à son goût. Elle continuait à allaiter à contre-coeur, ne regardant pas son bébé au sein mais étant convaincue que son "sacrifice" aiderait son enfant!

De trop nombreux exemples autour de moi montrent que des mamans investissent dans le maternage proximal comme on place son argent en banque, pour qu'il "rapporte". Ainsi, des mamans portent leurs enfants en écharpe parce qu'on leur a assuré que les petis ainsi portés pleuraient moins ou deviendraient indépendants, étant rassurés affectivement. Des mamans allaitent parce qu'on leur a garanti que les enfants allaités étaient moins malades ou avaient de meilleurs résultats scolaires. Des mamans cododotent parce qu'on leur a promis que leur enfant n'aurait peur de rien car aurait été rassuré depuis sa naissance et j'en passe....

Je sais bien que ce type de maternage a tellement subi de critiques que ses défenseurs ont voulu rassurer, informer, et promouvoir ce mode éducatif. Mais à force de tests qui "prouvaient" la bonne santé, l'intelligence, la mâturité, l'équilibre psychique des enfants maternés, on a transformé le maternage proximal en produit marketing. Combien de mamans portent aujourd'hui leur nourrisson en écharpe parce que c'est fun (alors même qu'elle le laisse hurler à 1 mois "pour qu'il se fasse les poumons") ?  Combien allaitent parce que cela donne une image de "bonne mère" ou parce que "c'est bon pour le bébé" tout en espaçant les tétées des maudites 4 heures réglementaires!

Les discours et les tests ont brouillé les choix. Aujourd'hui, une maman qui veut donner le biberon ou qui pousse son petit en landau à 3 jours est presque mal vue. C'est dommage. Je crois que la seule raison qui nous peut nous pousser à materner, c'est l'ENVIE et non des espérances quant aux futurs "résultats" de cette expérience.

J'ai allaité mes deux enfants assez longtemps, ils ont tous deux développé chacun des maladies chroniques (otites pour l'une, bronchiolites pour l'autre) dès l'âge de 2 mois.

J'ai utilisé la poussette pour ma fille qui est devenue une grande marcheuse et une petite fille indépendante. J'ai porté mon fils jusqu'à 3,5 ans en écharpe (il m'arrive ponctuellement de le porter encore), il déteste marcher et a été "sauvage" pendant très longtemps.

J'ai installé ma fille dans sa chambre dès le retour de la maternité (sans pour autant jamais la laisser pleurer), c'est une petite qui n'a AUCUN problème de sommeil et qui n'en a jamais eu (ni problèmes d'endormissement, ni peur d'aller au lit, ni réveils nocturnes) J'ai cododoté partiellement avec mon fils. A 4 ans, il se lève toujours 5 à 6 fois avant de s'endormir et il n'est pas rare qu'il finisse sa nuit dans notre lit.

Loin de moi l'idée de dénigrer le maternage proximal, au contraire, j'y crois beaucoup et je suis heureuse de l'avoir pratiqué avec mon fils et partiellement avec ma fille, je ne regrette rien et si c'était à refaire (j'espère que ce sera le cas bientôt), j'en ferais 10 fois plus ! Mais je veux juste insister sur le fait qu'on ne peut pas materner pour de mauvaises raisons. Et espérer ainsi rendre son enfant plus fort physiquement et psychiquement, est peut-être une mauvaise raison. Car l'on risque d'être fort déçue de son "investissement" si, comme pour mon fils, cela ne "donne pas les résultats escomptés".

Je n'ai pas materné mon fils pour qu'il soit moins malade ou qu'il devienne plus indépendant. Je l'ai fait parce que j'en avais ENVIE.

Alors, lorsqu'on nous demande pourquoi on allaite notre enfant à 2,5 ans ou pourquoi on le porte en écharpe à 3 ans ou pourquoi il dort avec nous, ou pourquoi il n'a pas de couches, ne répondons pas par des chiffres et des résultats à des tests scientifiques, ne répondons pas par des phrases toutes faites tirées des magazines ou des livres pro-maternage.

Répondons par nos vraies raisons (c'est pratique, ça me plaît, ça me fatigue moins, c'est moins cher...) qui ne sont peut-être pas aussi glorieuses ni aussi épatantes, mais ces raisons-là sont les seules valables car ce sont les raisons du COEUR.

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Commentaires
W
C'est tout naturellement que l'on s'occupe de nos petits bouts, c'est comme on peut avec ce qu'on a,<br /> vive le libre arbitre!!!!!!
M
Mona<br /> je ne stigmatise pas automatiquement les parents, j'émets des réserves. Bien sûr que non tous les parents ne sont pas incompétents !<br /> Nous vivons en société et non en autharcie, je pense donc que les enfants se doivent de pouvoir intégrer cette société.<br /> Je suis étonnée de lire que l'école (l'état)culpabilise les parents et les déresponsabilise. Il ne me semble pas que l'école ait fabriqué des petits soldats, car depuis des années les enfants font plus ou moins ce qu'ils veulent oubliant même le respect dû à leurs enseignants. Par contre, réclamer toujours plus d'allocations déresponsabilise les parents et les conforte dans une certaine facilité. (Là, oui, les parents sont déresponsabilisés et leurs enfants deviennent un peu plus les enfants de l'état). Combien de mères ? (de parents? mais là j'émets de réserves car dans le discours général les pères sont bien peu présents) prôneraient l'éducation autrement, si elles devaient se contenter du revenu familial ?
M
Chère Mamie,<br /> Dire que déscolariser les enfants, c'est les désocialiser est aller un peu vite en besogne...<br /> A l'école, les enfants sont cantonnés strictement dans leur classe d'âge et n'en sortent pas. Ils sont restreints à une trentaine de camarades chaque année, avec bien peu de renouvellement d'une année sur l'autre et si l'un d'eux est pris comme tête de turc, tant pis pour lui. Et il ne faut pas oublier que l'enfant est tenu d'être en cours totalement concentré sur le message du professeur et de ne pas "bavarder" avec son voisin ; il n'a que deux fois 15 minutes (dans le meilleur des cas) par jour pour "créer du lien social avec ses pairs". Comme socialisation, franchement, on fait mieux...<br /> De plus, si les enseignants ont pour devoir de signaler des cas de maltraitance qu'ils constateraient, qui signale les cas où les enseignants sont ceux-là même qui maltraitent ? (et c'est extrêmement fréquent malheureusement, d'autant plus que pour tout ce qui concerne les brimades, vexations, punitions ressenties comme injustes, réflexions méprisantes... trop de choses sont tolérées aujourd'hui.)<br /> Je lisais dans la lettre de notre cher président adressée aux enseignants que les enfants de milieux modestes qui seraient méritants bénéficieraient d'internats d'excellence car bien sûr les parents ne pourraient pas suivre, à tous points de vue... Personnellement je trouve incroyable de prévoir de mettre les parents sur la touche de cette façon. Comme si l'école (= l'Etat) prenait en charge la totalité de l'éducation et remplaçait complètement les parents.<br /> Après la culpabilisation, l'irresponsabilisation !<br /> Personnellement je trouve étrange, dans tes messages, que tu soupçonnes systématiquement les parents dans leurs initiatives (ils semblent à tes yeux être, par nature, incompétents) et jamais les institutions et leurs représentants.<br /> Finalement que dirais-tu d'un système où on fabriquerait des enfants dans des centres où ils seraient élevés jusqu'à l'âge adulte, avec les méthodes scientifiques les plus modernes ? Comme ça, plus de danger que ces ignorants de parents (pfff ! ça procréer sans avoir fait d'étude de pédiatrie ni de développement cognitif ces gens-là !) ne se conduisent comme les irresponsables qu'ils sont inévitablement. C'est que ça pourrait être possible, il parait que la mise au point de l'utérus artificiel est pour bientôt. Mais il me semble qu'un certain Aldous Huxley y a déjà pensé, non ?
M
les professeurs et les médecins ne sont peut être pas représentatifs des autorités garantes de l'amour maternel mais ils sont par leur profession tenus de signaler tout ce qui semble porter y atteinte.<br /> Quand on désocialise volontairement les enfants en les coupant de l'école, il est vrai qu'aucun regard ne peut alors préjuger de manque d'amour, de maltraitance ou tout autre violence (ce n'est pas toujours physique) et personne ne peut réagir pour contrer certains comportements qui pourraient être considérés comme négatifs.
C
C'est fait!
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