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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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8 mai 2007

Jusqu'où peut mener la Simplicité Volontaire?

Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la SV, j'ai établi mentalement une liste de tous les trucs qui me compliquaient la vie, me bouffaient du temps et de l'énergie, me laissaient une impression de vide ou de trop plein difficiles à gérer. Parmi ces choses, il y avait des trucs du quotidien comme « faire les courses », des choses concrètes comme « les bibelots » et des institutions intouchables comme « l'école » ou « les crédits ».

Voici plus d'un an et demi que je réfléchis par l'intermédiaire de ce blog et que j'agis pour me simplifier la vie. Conforme à mon caractère, mon évolution aura été faite de grandes avancées, de désencombrements radicaux, de défaitisme et de pessimisme, de grandes envolées lyriques et de périodes de repos. Voici presque huit mois (depuis mon coup de gueule en août) que je n'avance plus guère. Ou plutôt, comme dit ma psy, que je n'assiste plus à des changements radicaux. Mais que tout s'établit en profondeur.

En effet, portée par l'optimisme des débuts et la fraîcheur des découvertes, je me suis sentie vraiment libérée pendant cette première année. J'avais le sentiment que la vie était plus réelle, qu'elle avait plus de goût et de sens, que je me posais face à elle avec plus de profondeur et de sérénité. Les progrès étaient visibles et apportaient plénitude et bien-être. Des mètres cubes d'objets donnés ou vendus, des coupes sèches dans le budget, des gadgets dont je me désintoxiquais, un rapport nouveau à l'argent, une réduction du temps de travail pour ma famille et moi-même, des projets plein la tête, un blog en plein essor dépassant les 21 000 pages quotidiennes et les 12 000 visiteurs mensuels... L'apogée.

Puis vint le moment des paliers difficiles à franchir, vint l'impression d'avoir déjà tout dit, tout essayé, tout vidé (au sens propre et figuré) et la douloureuse sensation d'être arrivée au bout et de ne plus pouvoir progresser.

Vint alors le « à quoi bon? » et la sensation désagréable de n'être plus tout à fait à ma place nulle part, avec des amis souvent décontenancés par mes agissements et mes pensées. Je me suis dit alors que je m'étais peut-être trompée, que j'avais jeté le bébé avec l'eau du bain, que j'avais voulu aller trop vite, trop loin et que personne ne pouvait délibérément, résolument et durablement résister à la société de consommation. Mais une conscience ouverte ne se referme pas. Et les pas faits en avant sont plus compliqués à faire en arrière.

La Simplicité Volontaire m'a rattrapée. Et ce nouveau palier que je trouvais si difficile à franchir, je suis en train de le passer. Je suis en train, aujourd'hui, de m'intéresser à des éléments de ma liste initiale (celle des choses qui me compliquaient la vie) auxquelles je n'aurais jamais pu songer pouvoir me soustraire il y a un an. Je fais référence à deux choses précises : l'école et les crédits.

J'ai écrit beaucoup sur la déscolarisation et j'avais même annoncé que nous avions décidé de ne pas faire intégrer son CP à notre fille. Pourtant, elle fit sa rentrée scolaire cette année là. Parce qu'elle l'avait demandé et que nous ne souhaitions pas aller à l'encontre de son envie. Parce que la pression sociale et familiale était trop importante et que nous n'avions pas la force d'y résister. Parce que la peur nous tenaillait le ventre. Parce que je n'assumais pas encore suffisamment mes pensées « à part »

Pendant les huit mois où j'ai pris du recul avec le blog, j'ai beaucoup travaillé et, inconsciemment, même si j'avais le sentiment d'avoir laissé de côté la SV, elle, ne m'oubliait pas.

J'enseigne le français en collège et en lycée. J'ai eu l'occasion au cours de l'année, de travailler dans deux établissements très différents : l'un grosse« boite à bac » du centre ville, l'autre, petit collège de campagne. Mais le sentiment de ne pas être à ma place dans cet enseignement là était vif à chaque fois. Le sentiment de ne pas supporter l'idée que mes enfants allaient un jour subir ce système là était tout aussi vif.

J'écrirai bientôt un article sur la façon dont je perçois l'école actuelle, de l'intérieur, et comment je me sens en total contradiction avec les devoirs, les contrôles, les retenues, les programmes, la grammaire, la lecture analytique, le flicage des élèves, les humiliations verbales, les jugements, les notes, les conseils de classe, les notions de respect ou d'irrespect, les emplois du temps surchargés, les consignes, les horaires....

Pour l'instant, je veux juste expliquer que la SV m'empêche d'adhérer à tout cela car l'institution scolaire telle qu'elle existe en France (dans les pays « riches »?) apprend à nos enfants, futurs adultes et citoyens, à se compliquer la vie et à devenir des consommateurs plutôt que des acteurs (j'y reviendrai dans mon prochain article)

De même, je n'avais jamais réfléchi jusqu'à il y a quelques semaines au fait que notre crédit maison nous compliquait la vie alors que nous avions toujours cru que le crédit était une facilité.

Je lisais récemment dans le livre « Planète attitude » l'idée que le crédit montrait bien la façon dont nous nous comportons avec la Terre : parce que nous voulons tout de suite ce qui ne nous est pas immédiatement accessible, nous consommons sans nous soucier des intérêts qui courent et de la dette que nous devrons rembourser. Consommer de l'eau, de l'énergie ou de la main d'oeuvre à outrance alors que nous savons que nous n'avons pas de stock, c'est prendre le risque de payer un jour notre dette, augmentée des intérêts de retard (entendez par là : catastrophes naturelles, guerres...)

De la même façon, emprunter pour acheter alors que nous n'avons pas assez de réserves, c'est supporter ensuite les remboursements très longtemps pour un plaisir qui aura parfois duré beaucoup mois lontemps (je pense là aux crédits à la consommation pour s'acheter le dernier DVD ou frigo multi-machins)

Où sera alors notre liberté lorsque nous devrons rembourser tous ces crédits?

Aujourd'hui, avec mon mari, nous envisageons de réduire encore son temps de travail pour mener à bien des projets de chambres d'hôtes et de voyage autour du monde, qui nous tiennent à coeur. Mais nous ne pouvons pas le faire car nous devons, comme beaucoup, rembourser chaque mois, nos emprunts pour la maison, les travaux et mes études reprises il y a 3 ans. En vivant à crédit, nous ne sommes pas libres de gérer notre vie comme nous l'entendons. Voilà encore une réflexion dûe à la SV.

Plus je vieillis, plus je réfléchis grâce à la décroissance et à la SV, et plus je me mets en accord avec mon « moi profond ». Je deviens MOI.

« Deviens qui tu es » disait Nietzsche

Nos efforts de SV ne nous poussent plus maintenant à nous demander comment limiter le nombre de matériel dans notre vie mais ils nous font converger vers un seul but : élever nos enfants selon ce que l'on croit le plus adapté à notre pensée et leur transmettre ce qu'il y a de plus précieux en chacun de nous : la simplicité. La descolarisation, on en parlait il y a un an. Elle prendra effet en septembre prochain pour nos deux enfants. Tout un mode de vie à réorganiser, des finances à revoir et une évidence qui s'impose : racheter l'ensemble de nos crédits pour être enfin libres.

S'il m'a fallu huit mois de repos mental, c'est parce que j'avais devant moi des pièces de puzzle qui me semblaient incompatibles : un voyage autour du monde, le professorat, élever les enfants, les chambres d'hôtes, l'autarcie, écrire un livre, inventer une nouvelle école...

La Simplicité Volontaire nous aura aidés, mon mari et moi, à envisager que toutes ces pièces n'étaient pas des projets différents mais simplement les pièces d'un casse-tête à emboiter dans le bon ordre pour qu'elles ne forment plus qu'une seule pièce, qu'un seul monument : celui de notre VIE.

Aujourd'hui, nous sommes prêts à prendre le temps d'empiler chacune de ces pièces à l'endroit qui lui convient.

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Commentaires
C
Bonjour,<br /> Je suis journaliste et je travaille actuellement sur un livre traitant du maternage proximal et de l'éducation nature. Dans ce cadre, j'aimerais bcp vous ITV et/ou pouvoir reproduire des extraits de votre blog.<br /> Merci de me recontacter par mail pour plus de précisions.<br /> Amicalement,<br /> Cath
G
Très heureuse de vous lire à nouveau!<br /> Surtout pour apprendre que l'évolution, après un temps-palier, reprend son chemin!<br /> Contente d'apprendre que cela arrive à tout le monde, d'avoir besoin de passer par ces étapes.<br /> <br /> PS : tu n'as pas répondu à la question de LécoleALaMaison : "Tu me disais l'année dernière "ma fille adore l'école." Qu'est-ce qui a changé de son point de vue ? Quel formidable parcours !!"
A
J'avais fait un début de liste il y a quelques mois... ici:http://cherryplum.canalblog.com/archives/2006/10/28/3018825.html<br />
L
merci pour ta réponse cherry plum. Oui j'ai commencé cette liste mais tout ça est un peu confus chez moi, et j'essaie de glaner des outils à droite et à gauche pour garder le fil...<br /> vert !
C
Je ne crois pas, chère laurence. Cependant, je ne connais pas tous les articles par coeur. Je crois que le plus important, c'est de noter tous les trucs qui te viennent à l'esprit et de laisser ta liste dans un coin, comme ça tu pourras y revenir lorsque tu penses à nouveau à quelque chose!
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