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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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19 décembre 2006

Article un peu nébuleux

Où l'on repose (encore) la question des contraintes

Poser des limites, poser des limites, c'est bien beau, mais quelles limites et pourquoi faire ?

J'ai l'impression que nous avons tous si bien intégré toutes les limites, toutes les contraintes, tous les « ça, ça ne se fait pas, ça n'est pas possible, non non non pas question » que nous sommes comme englués dedans.

Nous voudrions nous échapper, penser par nous-même, chercher librement notre voie, et sitôt que nous nous aventurons un tout petit peu hors des sentiers battus, hop, nous retournons tous seuls dans le droit chemin. Il faut suivre la ligne du parti... Rester solidaire avec nos pauvres frères humains. Ne pas trop sortir la tête du rang, pour ne pas se faire trop taper dessus... Non, même pas, c'est juste que « ça n'est pas possible ». Et puis c'est tout. Pas possible. Il n'y a même pas à se rebeller contre cet état de fait.

On voudrait faire le tour du monde, repeindre son appartement en rose, ne pas fêter Noël  dans les excès, se teindre les cheveux en bleu, chanter à tue-tête dans la rue... Mais non. C'est à peine si la plupart d'entre nous osons nous avouer dans le creux de notre esprit nos rêves les plus fous. Parce qu'ils paraissent fous alors qu'ils ne le sont pas tant que ça. Reprendre la peinture, devenir potier, prof d'équitation, que sais-je moi ? Partir en vacances, tout de suite, faire l'école buissonnière, déscolariser notre môme malheureux à l'école. Embrasser l'homme de sa vie en pleine rue. Mais tout de suite il nous vient des objections raisonnables... Il faut gagner sa vie... et acheter une nouvelle voiture... et que vont penser les voisins...

Bien sûr, je caricature. Mais je connais tellement peu de gens libres...

 

Et tellement de gens qui agissent comme en pilotage automatique, non pas par choix mais par méconnaissance de ce simple fait : les choses pourraient être autrement.

Non, nous ne sommes pas obligés de travailler 40 heures par semaine de 20 à 65 ans. Oui on peut choisir de le faire et c'est tout à fait respectable. Non, on n'est pas obligé de s'habiller de telle ou telle façon. On peut choisir de le faire pour ne pas se faire remarquer (ou virer si c'est une boite « costume-cravatte ») Non, on n'est pas obligé de penser comme ses parents. Oui, on peut continuer à croire au Père Noël après 6 ans, et même après 40 ans. Oui, on peut choisir de gagner moins d'argent. Oui, on peut faire tout un tas de choses qualifiées "excentriques" sans en mourir...

En fait, la question n'est pas tant ce qu'on fait réellement ou pas que la sensation qu'on a le choix de faire autrement.

Et de fait, nous n'avons, de par notre éducation, pas tant le choix que ça. Si on a été habitué à penser, mettons, qu'on n'est pas respectable si la maison n'est pas toujours impeccablement tenue... et bien il y a fort à parier que soit la maison sera impeccablement tenue, soit nous le vivrons très mal...

 

Là où je voulais en venir, pardonnez-moi, mon propos est un peu nébuleux aujourd'hui, c'est que depuis toujours nous faisons ce qu'on attend de nous, que ce soit dit clairement (auquel cas, on peut au moins protester) ou que ce soit complètement inconscient...


Pour prendre un exemple au hasard : les enfants savent très tôt, pour la plupart, quels types de dessins plaisent à la maîtresse... et très tôt aussi, ils s'y conforment parce que le besoin d'amour et de reconnaissance  passe avant le besoin d'expression. Un coloriage réussi, c'est un coloriage « qui ne dépasse pas ». Très bien. Mais pourquoi ? Ne pourrait-il pas être beau aussi en dépassant volontairement ? Je sais bien que l'intérêt de demander à l'enfant de ne pas dépasser est pour qu'il apprenne à maîtriser son geste graphique... Sauf que plus jamais dans sa scolarité il ne sera autorisé à « dépasser » « déborder »... et il ne mettra qu'une couleur par « case »... (alors que quand même, c'est joli aussi quand ce n'est pas uniforme).

Nous même, en tant que parent, ne pouvons que difficilement nous empêcher de valoriser certains apprentissages plus que d'autres, comme si certaines connaissances étaient plus nobles que les autres. Il connaît tout sur les insectes mais fait trois erreurs d'orthographe par mots... Sur quoi va-t-on insister ? Sur sa prodigieuse mémoire ou sur ses lacunes orthographiques ? Pourtant, l'un n'est pas forcément moins utile que l'autre... surtout s'il veut devenir entomologiste... (tu n'y arriveras jamais si tu ne fais pas un effort avec ton orthographe!)

 

Bref. Donc... Donc je ne sais pas. J'essaie pour l'instant de sortir du cadre... mais je n'y arrive pas. Pourtant, j'ai bien peur que ce cadre ne me convienne qu'à moitié. (voire pas du tout ?) Mais il est bien rassurant...  Et je ne sais pas non plus comment ne pas l'imposer, de fait, à mes enfants... 

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Commentaires
M
Du moins pour moi... Besoin de reconnaissance versus besoin d'expression. Tous les choix de vie sont la résultante de l'équilibre entre ces deux besoins, l'homme social contre l'homme libre. La clé pour laisser plus de place à nos besoins et nos envies, c'est l'estime de soi, le squelette dont tu nous parles plus haut. Plus on s'estime mal, plus on est dépendant du regard approbateur de l'autre. Plus on est capable d'être égratigné et non pas détruit par la critique, plus on ose exprimer ses désirs.<br /> <br /> Ajoutons à ça un zeste d'honneteté. Oui, je suis sure qu'on a toujours le choix. Mâis il implique souvent au mieux la désapprobation, au pire de blesser nos proches. Je suis sure qu'un choix conscient est toujours mieux assumé et mieux vécu qu'une situation qu'on subit en croyant qu'on n'a pas le choix. Je ne dis pas qu'on gomme ainsi toute émotion liée au renoncement à l'option qu'on n'a pas retenue, mais on le vit mieux. En étant honnete avec soi même, on doit pouvoir déterminer ses besoins réels et les contraintes. Divorcer ou pas, par exemple. Quelle est la priorité ? Notre vie amoureuse ou les enfants ? On se doit de se répondre honnetement, sans référence aux bonnes moeurs. Notre vie amoureuse ? Soit. On va blesser nos enfants, certes. Mais qui peut se vanter d'avoir une vie sans blessure ? Ce sont d'ailleurs les blessures qui nous construisent. Et ne va-t-on pas les blesser aussi en leur imposant le spectacle d'une relation de couple désastreuse et la culpabilité liée au fait qu'on se sacrifie pour eux ? Alors, partir, tout en les protégeant au mieux. <br /> La vie de mère et nos enfants sont prioritaires ? Soit encore. On aura surement le regret de ne pas avoir vécu notre vie de femme pleinement. Mais est-ce réellement une obligation si on se sent vraiment plus mère que femme ? N'est-ce pas une obligation sociale aussi de réussir sa vie amoureuse ? Ne peut-on être amoureuse que jusqu'à 40 ans ? Si on fait le choix conscient de respecter notre priorité, alors on vivra certainement plus sereinement le fait de différer ou de renoncer à la passion amoureuse. Mieux que si on pense que c'est la pression sociale d'avoir à être une bonne mère qui nous l'impose.
A
Sur ce point je suis maintenant d'accord avec mon homme (meme si au début je protestais). Selon lui il faut d'abord monter dans le bateau avant de pouvoir changer son cap. Pour nous, il est important d'apprendre à nos enfants les codes et rituels "qui ne choquent pas", les attitudes des "enfants bien élevés" parce que qu'on le veuille ou non, ils vivent dans la société. Et moi, ca m'est bien utile de les connaitre meme si souvent je ne les applique pas. Il est important de les informer sur "ce qui se fait" et sur "ce qui ne se fait pas" mais il est également important de leur faire comprendre qu'il y a aussi d'autres choix, bien que parfois hélas, on ne peut pas les appliquer, et il faut qu'ils reconnaissent ces contextes où on ne peut pas les appliquer et qu'ils sachent comment alors se comporter... (oula, chuis pas très claire...)<br /> <br /> J'ai toujours agi différemment des autres, et ca n'a fait que me désservir. Depuis que j'ai compris cela, ca m'a aidée à m'"insérer" dans ce monde et ca a donné plus de force à mes discours non conformistes. Je suis plus libre qu'avant et pourtant j'ai du passer par les codes imposés pour arriver à ce stade...
P
Alala Aspen...tes phrases de fin remue le couteau dans ma plaie :-( mon fils est un petit garçon doux, sensible et fantasque...il a toujours aimé "dépasser" et faire n'importe quelles couleurs en coloriage (ou a toujours détesté que ce soit ordonné, pas dépassé etc. :-)). Il a plein de capacités autres que celles requises quand on est assis à une table toute la journée...jusqu'au CP, dans une école de campagne, il a été encouragé et valorisé...mais au CP, c'est la cata, "on" attend de lui qu'il rentre dans les cases, qu'il soit pareil que tous les autres :-/ et mon petit bonhomme intègre qu'il est "moins bien" que les autres.
J
Je suis tout à fait d'accord avec cette phrase : <br /> "En fait, la question n'est pas tant ce qu'on fait réellement ou pas que la sensation qu'on a le choix de faire autrement."<br /> Mais le problème est justement la liberté : c'est ça qui fait peur, de savoir qu'on peut faire des choix. <br /> D'autant plus que c'est beaucoup plus fatigant de faire des choix que de continuer sur sa lancée sans se poser de questions : imaginer comment changer de boulot, déménager, s'expatrier si on est casanier, rentrer chez soi si l'on est voyageur, rompre une relation ou rencontrer des nouvelles personnes, se mettre à quelque chose de nouveau, devenir débutant à 35 ans... Tout ca est fatigant, déroutant, parfois humiliant, toujours risqué. <br /> Donc en général on préfère se dire qu'on a PAS le choix. Etre devant un choix, c'est super flippant. <br /> Par contre, comme d'habitude je crois qu'il ne faut pas trop sous-estimer les gens, et que même le plus conventionnel des "Français moyens" peut arriver à un moment dans sa vie où il sort d'un cadre préétabli, quel qu'il soit, où il va remettre en cause des principes qu'il croyait inamovibles. <br /> Kila, ne crois-tu pas que l'aspect positif des choses, c'est que ta mère va comprendre l'intérêt de ton choix, et peut-être même l'expliquer au reste de la famille ? Autrement dit, tu donnes un certain exemple d'anti-conformisme, qui les rend jaloux mais aussi admiratifs ? Et quand LEURS enfants suivront TON exemple, ils seront bien obligés de comprendre.<br /> Dans ma famille nous sommes plusieurs cousins, et ma tante, qui est d'un conformisme absolu, disait toujours que c'était l'un de ses fils qui avait le mieux "réussi" parce qu'il avait fait une école de commerce, il avait un costard-cravate, etc. tandis que les autres étaient : comédien misérable, musicien intermittent du spectacle, ou toujours par monts et par vaux comme moi... Eh bien le cousin en costard cravate, il a changé de cap à 180° et maintenant il élève des chiens de traîneaux quelque part dans la neige ! Elle est verte, ma tante !
A
Il semblerait que les aînés sont plus "normatifs" que les suivants car ils ont une place à tenir. Ce sont plus souvent les seconds paraît-il qui tentent de changer le monde, qui deviennent artistes etc... En ce qui me concerne, je suis l'aînées... et assez d'accord avec cette vision des choses.
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