De la colère
« Bouh,
c’est pas beau de se mettre en colère… » « Tu fais un caprice ! »
Ça vous dit quelque chose ?
Vous,
je ne sais pas, mais moi, je ne me mets pas en colère. La colère me fait peur,
celle des autres comme la mienne. Quand je sens la colère qui monte, je m’éloigne.
J’ai l’impression que je pourrais devenir dangereuse, dire des méchancetés
énormes que je regretterai forcément par la suite. Je ne sais pas exprimer ce
qui me chiffonne sur l’instant. Par contre, avec les personnes qui me sont
proches, j’arrive à vider mon sac assez vite, une fois calmée… Ce n’est pas
possible avec tout le monde, mais c’est en progrès.
Quand
la colère est impossible à dire à la personne concernée, soit elle est
transformée en un autre sentiment (souvent
de la tristesse, ou de la peur… cf les livres d’Isabelle Filliozat) ; soit
elle est retournée contre soi ; soit un innocent qui passait par là paye
pour le vrai coupable. Or, pour la plupart d’entre nous, nous avons des
victimes toutes trouvées : nos enfants ! Combien de fois crions-nous
sur eux parce que nous n’avons pas pu dire à leur père/mère que nous étions
contrariés ? Qui ne s’est pas surpris à ne pas supporter les éclaboussures
du petit dernier dans le bain - qui d’habitude ne nous dérangent pas, voire
nous font rire - le soir où on a été en désaccord avec son patron, sans pouvoir
affirmer son point de vue ? Qui, furieux contre ses parents pour avoir
encore dit un truc de travers se retrouve à envoyer dans les roses la grande
qui demandait un bonbon avec un peu trop d’insistance ?
Le
scénario est classique et malheureusement assez triste.
Je
vous invite, la prochaine fois que vous vous mettrez en colère contre vos
enfants à vérifier qu’ils sont bien la cause réelle de votre colère et non pas
un bouc émissaire facile : eux au moins, ils continueront à vous aimer même
si vous leur criez dessus… Mais votre colère, elle, restera-là, à vous pourrir
la vie…
Alors
non, ce n’est pas mal d’être en colère. La colère est une émotion saine quand
elle sert à réparer notre identité abîmée, quand nous n’avons pas été respecté,
etc. Elle doit être dite et peut l’être sans violence. C’est sûr, ça ne vient
pas du jour au lendemain, mais petit à petit, on y arrive…