Ecoute active
Puisque
nous parlions de la colère il n’y a pas longtemps, je voudrais vous faire part
d’une technique que j’ai découverte assez récemment (quelques mois) et qui
donne des résultats assez fabuleux tant dans les rapports avec les adultes que
dans les rapports avec les enfants.
C’est
d’ailleurs avec mon fils de trois ans que je l’emploie le plus facilement, ça
nous a sorti de bien des situations qui auraient été ingérables auparavant.
Cela
s’appelle l’écoute active.
Voici
une situation classique :
« Maman,
je veux aller faire du vélo.
- Pas maintenant
- Si, j’ai envie
- Non, c’est pas possible
- T’es méchante maman
- Non, je ne suis pas méchante…
- Je veux y aller » etc.
En
général, soit on cède alors qu’on avait vraiment, mais vraiment pas envie du
tout de courir après un vélo, soit on « subit » une crise de larme
plus ou moins longue en s’énervant plus ou moins…
L’écoute
active consiste (je vous fais un résumé, là, il y a des bouquins entiers écris
sur le truc !) à d’abord écouter vraiment l’autre, à l’aider à formuler ce
qu’il veut et à l’accompagner dans les sentiments qui sont les siens, y compris
la colère, la tristesse…tout ce que souvent, nous ne voulons surtout pas
entendre.
Du
coup, la situation présentée plus haut peut se transformer ainsi :
«
Maman, je veux aller faire du vélo.
- Ah oui, ça te ferait plaisir qu’on aille
faire une ballade. Seulement vois-tu, je n’ai pas envie pour l’instant.
- Oui, mais moi je veux !
- Tu es déçu que ça ne soit pas possible
- Oui
- Et tu es en colère après moi peut-être.
- Oui, j’avais très envie de me promener.
- Tu voulais aller où ? »
Et
là, on peut parler de ce qu’on aurait voulu faire… Rien n’empêche de fantasmer
dessus, bien au contraire. Etonnant comme les enfants sont soulagés d’être
entendus même s’ils ne peuvent pas réaliser ce qu’ils voulaient faire.
Souvent,
on essaye de faire diversion. Ça marche parfois d’ailleurs, surtout avec les
tout-petits, mais quand les enfants grandissent ils ne se laissent pas leurrer
aussi facilement. L’objectif de l’écoute active est d’aider à traverser les
difficultés en les nommant à l’enfant : cela permet de ne pas lui donner
de solution, de ne pas lui dire quoi faire, de ne pas l’infantiliser mais de
lui permettre de vivre ce qu’il a à vivre.
Souvent,
on nie sans même sans rendre compte les sentiments de son enfant.
« T’es
méchante maman » « Non, je ne suis pas…. »
Alors
qu’on pourrait répondre quelque chose du genre : « tu m’en veux parce
que je ne veux pas acheter la poupée… »
« Hou,
hou, je suis tombé » « C’est rien, ça va passer… »
On
pourrait aussi dire : « Tu as eu très peur en tombant… et tu t’es
fait mal, on dirait. Ça va mieux ? »
« Je
déteste ma sœur, elle est bête » « tais-toi, il ne faut pas dire
ça »
Ou
alors : « Tu es en colère ? Qu’est-ce qu’elle a fait qui te
contrarie… ? »
Ce
qui est difficile parfois, du moins pour moi, c’est de trouver le vrai
sentiment, ou la vraie cause à la crise de larme.
Quand
mon fils pleure, à bout de nerf après une journée épuisante, j’essaie de
récapituler la journée avec lui : tous les bons moments, mais aussi toutes
les frustrations : « et en plus, Mathias t’as tapé. Et puis après,
Noémie n’a pas voulu jouer avec toi, et moi je ne t’ai pas donné de glace…,
c’était pas rigolo, hein… ? »En général, une fois que j’ai fini ma
liste, les larmes se sèchent toutes seules. L’enfant a le sentiment d’avoir été
compris et n’est-ce pas ce que nous voulons tous ? Etre compris ?
Comme
toutes les techniques, celles-ci demande de l’entraînement. On est tellement
habitué à décider pour l’autre ce qu’il a le droit de penser ou pas. On ne supporte
pas facilement que notre enfant, mari, etc, soit timide, en colère, triste,
furieux, ait mal… qu’on lui enlève toute possibilité de dire ses sentiments.
Cela nous renvoie aussi violement à nos propres sentiments/sensations/émotions
reniés… et ça, c’est très douloureux.
Mais
le jeu en vaut vraiment la chandelle, chez nous, la situation s’est nettement
apaisée depuis que je pratique « activement » l’écoute active.