Régler ses comptes avec l'argent 2ème partie

Nous nous sommes déjà demandés le montant des ressources qu'il nous faudrait idéalement pour être bien.

Demandons nous aujourd'hui quel est notre rapport à l'argent. Que représente pour nous ce moyen d'échange? Quelle "valeur" a-t-il?

On pense parfois avoir des problèmes d'argent mais rarement avoir un problème avec l'argent. Or, qu'il nous en manque en permanence ou que l'on estime en avoir assez, notre rapport à l'argent est souvent connoté par nos valeurs et de nos tourments.

Ainsi, on pense volontiers que les "riches" ont un problème avec l'argent car ils en veulent toujours plus ou qu'ils y portent une attention trop importante.

Cependant, les gens modestes peuvent avoir également un problème avec l'argent, dans ce sens qu'ils refusent inconsciemment d'en gagner plus car ils ne pourraient plus faire partie de la classe des gens modestes et qu'ils n'assumeraient pas le statut de "riche". Ils se mettent ainsi, toujours inconsciemment dans des situations qui les empêchent de gagner plus d'argent.

Les notions de "riche" ou "modeste" ne sont pas très importantes. Si l'on nous demandait à partir de quel salaire pense-t-on qu'un homme est riche, nous donnerions tous des réponses différentes. L'essentiel est de réfléchir pour soi avec nos propres notions de "riche" et de "modeste".

Pour régler ses comptes avec l'argent, il faut donc commencer par se demander ce que cela représente pour nous. A partir de quelle somme mensuelle par personne considère-t-on qu'une famille est riche? Est-ce qu'on pourrait assumer de gagner une telle somme? Pourquoi?

A quoi sert l'argent? (dans la société, en famille, entre amis)

Quel comportement adopterait-on si l'argent ne posait jamais problème? Est-ce qu'on dépenserait plus, en quantité, en qualité? Est-ce qu'on aurait le vertige devant tout cet argent? Pourquoi? Que ferait-on d'une cagnotte astronomique gagnée au Loto? Dépenser? Epargner? Donner? Pourquoi?

Ecoutez-vous parler pendant les prochains jours et notez ce que vous n'aviez jamais remarqué jusque là.

Etes-vous, comme moi, engluée d'expressions du genre "Eh oui, ma pauvre!" ou "Misère!"

Etes-vous du genre à faire "payer" ce qu'on vous a fait? Ou préférez-vous vous "payer" un bon fou rire?

Est-ce que certaines choses vous "coûtent" beaucoup?

Etes-vous victime ou pratiquez-vous le "chantage" affectif?

Vous arrive-t-il de vous faire "acheter"? ou de "vendre" votre âme au diable?

Aimez-vous recevoir des cadeaux? En offrir? Comment vous comportez-vous? Comment dépensez-vous?

On croit souvent que la situation est assez simple avec l'argent : on en a ou on en a pas. En fait, tous nos comportements face à l'argent traduisent des croyances ancrées profondément dans notre inconscient. L'argent a souvent un rapport avec le droit au bonheur, la culpabilité, l'amour des autres, le respect, le narcissisme, l'estime de soi, la honte, la confiance en soi...

Toutes ces questions sont intéressantes à se poser car elles mettent en valeur ce que l'on pense profondément de nous-mêmes et ce que l'on croit "mériter" dans notre vie.

Ainsi, on se rend parfoir compte qu'on aimerait avoir plus d'argent mais qu'on n'ose pas dépasser nos parents ou que l'on ne croit pas être assez "gentil" ou "travailleur" ou "brillant" pour "mériter" d'en gagner beaucoup. Parfois, on pense que l'argent crée des conflits, alors on s'arrange pour ne jamais en avoir. On vit à découvert pour se mettre en danger, pour appeler au secours, pour valider la croyance qui nous poursuit depuis l'enfance quand nos parents nous disaient qu'on ne "valait" rien. Au contraire, parfois, pour inverser cette croyance, on achète des choses très chères pour se remplir de "valeur".

Regardez comment vous vivez, comment vous aimeriez profondément vivre. Interrogez la façon dont vous dépensez votre argent. Demandez-vous quelles sont vos croyances profondes.

N'y aurait-il pas des relations entre tout cela?

Il est temps de vous autoriser à gagner de l'argent ou à dépenser.

Comments

[nathie]

Oh, la la.. je parcoure tes messages que je trouve particulièrement sensés et nécessaires. ça fait un bien fou de lire tout cela. Dans la question de l'argent je m'y retrouve totalement dans le sens où je n'arrive pas gagner beaucoup d'argent. Ne serait-ce que vendre, ou vendre à bon prix. Je n'y arrive tout simplement pas. En lien étroit avec mes croyances sur ma valeur personnelle et la culpabilité...

[monica]

comme dans la majorité des commentaire cités, ton article me perturbe! (d'accord qu'en ce moment, c'est "un peu plus, un peu moins!"...), mais même en sachant déjà que l'argent est impliqué pratiquement partout dans nos vies, à quelque niveau que ce soit, affectif, symbolique, etc, le fait de lire ton article si profond, m'a presque donné le tourni, et un poil ébranlé dans mes fragiles certitudes!
mon rapport à l'argent est, comme pour tout le monde, très compliqué, pour moi, principalement, il doit s'accomoder d'un besoin de sécurité, mais d'un rejet viscéral pour la radinerie, d'une exigence de générosité, mais de discrétion et d'attachement à mes origines modestes, bref, est-ce-que le fait que je sois ascendant balance justifie mes contradictions? (je rigole...)
à une époque où je cherchais pas mal de réponses (c'est-à-dire, tout le temps!), le livre de Zelinsky, "l'Art de ne pas travailler", m'avait beaucoup aidé, en me faisant rire, en plus! il parlait de l'argent en termes qui m'avaient beaucoup plus...
merci quand même pour nous déstabiliser ...

[judith]

car il ne faut pas que "réduire nos besoins" devienne une radinerie déguisée ou une manière de s'empêcher de se réaliser...
Autour de moi je vois beaucoup de gens qui font "des économies" et qui s'empêchent de vivre, qui oublient le présent en pensant à l'avenir (ca rejoint ce que disait Aspen sur la "sécurité" et le "sérieux", par opposition à la "confiance"). Ils refusent de boire un verre parce que c'est une dépense inutile.... Parce que c'est plus "moral" de ne pas être dépensier.
Tiens, dans la lignée des métaphores, il y aussi "se dépenser" (en faisant du sport) et "s'économiser" (en dormant, en se reposant).
Pour ce qui est de la culpabilité à gagner plus, il y aussi le fait que dans les cultures catholiques (francaise entre autres) on n'aime pas parler d'argent. L'argent est "sale". Ce n'est pas poli de dire combien on gagne ou de demander à quelqu'un son salaire. Tandis que dans les cultures protestantes (allemande, américaine, entre autres) ce n'est pas un problème de parler d'argent, et ce n'est pas une honte de vouloir être riche.
Je crois que se culpabiliser de dépenser trop, ce n'est pas de la vraie simplicité volontaire. Nous n'avons pas tous les mêmes besoins, ni les mêmes moyens. Une personne qui adore la mode n'a pas à ressentir de culpabilité si elle s'achète plein de fringues (sauf si elle s'endette pour ca, évidemment, ou qu'elle ruine sa famille...). Je veux dire si il ou elle aime VRAIMENT ca. Si c'est une passion, qui est réalisée avec amour, fougue, intensité. Pourrions-nous reprocher à des mécènes et collectionneurs d'avoir dépensé leur argent pour acheter les premiers Picasso, etc. ???
Tout ca pour dire que j'aime bien ton approche paradoxale et complexe du problème, tu nous as surpris car on pensait à un article seulement sur : comment dépenser MOINS ! décidément tu as plus d'un tour dans ton sac, et tu ne rentres vraiment pas dans les catégories où on t'attend :-)))

[Kalliste34]

J'attendais ton deuxième article sur l'argent avec beaucoup d'impatience, je pensais que tu allais nous apprendre à réduire nos besoins. Or, là, tu nous propose un tout autre sujet de réflexion ! Je réalise que je ne me suis jamais posé la question de mon rapport à l'argent sous cet angle : je pense que je dépense trop et que je dois apprendre à limiter mes dépenses. Je ne me suis jamais demandé si je m'autorisais à gagner plus !!!!!
Voilà de longues soirées de réflexion intense en perspective !
Merci à toi de bouscouler nos croyances et nos habitudes, j'adore ce blog !

[Millie]

ton article soulève des questions très intéréssantes. Je considère que j'ai suffisamment d'argent pour vivre.

Une des questions que tu poses à laquelle j'ai ma réponse, c'est ce que je ferais si j'avais bcp d'argent là, de suite: je ferais construire une maison qui soit super écolo, bonne isolation, énergies renouvelables, matériaux de construction sains, etc. C'est d'ailleurs uniquement pour cet objectif que je serais prête à devenir propriétaire. Acheter un appart ou une maison "normale", non merci!

Pour le reste, j'y réfléchi!!