Petits veaux et lait en poudre
Pas d’article de ma part hier pour cause de
visite dans la famille de mon homme. Notre périple nous a conduit faire la
connaissance d’un grand-oncle et de sa femme, anciens agriculteurs, qui nous
ont fièrement montré leur maison et leur ferme. Au détour d’un bâtiment, nous
parvenons devant une étable d’où sortaient de faibles meuglements. Nous
entrons… et tombons en arrêt devant 6 ou 7 petits veaux, attachés par des
cordes ou enfermés dans des box, dont le plus jeune devait avoir un jour ou
deux (il tenait mal sur ses jambes) et les plus âgés 2 ou 3 mois. Sans leurs
mères.
… Ce tableau m’a semblé particulièrement
symptomatique d’une société qui marche sur la tête. Parce que ces veaux, il
faut bien les nourrir ! Et devinez ce qu’on leur donne ? Du lait en
poudre !!! Si si. Et fait avec quoi, s’il vous plait ? Avec du lait
de vache ! Autrement dit, au lieu de les laisser téter leur mère, comme ça
serait le plus facile, le plus rapide, le meilleur pour eux (d’autant que je ne
suis pas tout à fait sûre de moi, mais il me semble que le lait des premiers
jours après le vêlage n’est pas utilisé pour la consommation humaine), ce qui,
aussi, demanderait le moins de travail, on les sépare, on trait leur mère, on
fait à partir de ce lait de la poudre, qu’on remélange à de l’eau pour refaire
un ersatz de lait. (entre temps, on aura probablement ajouté des tas de trucs
plus ou moins recommandables dont je préfère ignorer la composition). Si jamais
cette méthode est plus économique (ce qui n’est même pas sûr) alors c’est que vraiment
le monde va mal. Ce qui est certain, c’est qu’elle est plus rentable pour les
fabricants de lait en poudre ! Accessoirement, si on les traite comme les
petits humains, ils doivent crever de faim la moitié de la journée vus qu’on ne
leur donne à manger que deux fois par jour, ce qui n’est probablement pas le
cas quand il tètent à la demande…
Bon, et puis ces veaux, en plus d’être avec
leurs mères, ils auraient été mieux dehors, à respirer l’herbe, plutôt que dans
une étable nauséabonde, allongé dans leurs propres bouses (pas très propres, en
l’occurrence), sans pouvoir bouger... Je ne comprends pas comment on a pu en
arriver là. Qu’on traie les vaches pour notre consommation - bien que ce soit
particulièrement mauvais pour notre santé - passe encore, mais on pourrait
attendre que le veau soit sevré, non ? En plus, il serait meilleur à
manger, vu que c’est à devenir de la viande de boucherie qu’il est destiné…
Ça fait partie de ces petites horreurs
minuscules qui viennent s’ajouter à l’enfer. Je ne peux pas m’empêcher de
penser que nous paierons tout cela très très cher tôt ou tard…