Rêves d’enfants
Nos rêves d’enfants sont, pour beaucoup d’entre nous, partis dans les
limbes.
« Ce n’est pas possible. » « Ça ne se fait pas. » « Il n’y a
pas de débouché. » « Tu n’y arriveras pas. » …
Nous sommes, pour la
majorité d’entre nous, des gens raisonnables. Du coup, nous nous
faisons une raison et faisons, bon gré mal gré, une croix sur nos
aspirations enfantines. Sur ce qui nous rendait vivant et nous donnait
envie d’avancer.
Nous trouvons des substituts, heureusement fort
honorables parfois. Des compensations aussi, parfois beaucoup moins
bonnes pour nous. (Pensez à toutes vos addictions, y seriez-vous aussi
accrochés si vous aviez la vie de vos rêves ?)
Il est très difficile, souvent, de simplement se souvenir de nos rêves d’enfant et encore plus de reconnaître que peut-être, ils nous font toujours rêver.
J’ai fait
de la danse quasiment toute ma vie. J’ai commencé vers 4 ans (après
avoir tanné mes parents), suis entrée au conservatoire à 7 ans, ai été
en « classe horaires aménagées » pour pouvoir en faire encore plus…
puis, à 13 ans, on m’a dit que je ne rentrerais jamais à l’opéra parce
que j’étais trop petite. Fin du rêve. On ne m’a pas dit « tu ne
rentreras pas à l’opéra mais il y a des tas d’autres compagnies… » ce
qui aurait peut-être tout changé. J’ai quand même continué la danse,
mais en sachant dès lors que je n’en ferais pas mon métier.
Danse
classique jusqu’à 18 ans, rock et rock acrobatique de 18 à 23, danse
orientale de 22 à 24… Puis j’ai trouvé un travail. Qui me plaît, faut
pas se plaindre comme on dit. Qui, étant donné que j’étais persuadée ne
pouvoir vivre ni de l’écriture, ni de la danse, était ce qui me
plaisait le plus, ce qui me correspondait le mieux.
Puis, la vie avançant, le paysage s’éclaircissant, à force de réflexions, de rencontres, de travail sur soi douloureux… les rêves d’enfants remontent à la surface.
A bien y réfléchir, ils n’avaient jamais été bien loin, mais toujours suffisamment cachés (à quoi bon souffrir pour rien à rêver à des choses impossibles ?). Chaque fois que j’allais voir un spectacle de danse, un petit pincement au cœur me rappelait que… que j’aurais peut-être aimé être sur scène aussi, avec les danseurs. Et puis, parce que ça me paraissait plus facile, tous les jours je me disais « il faudrait tout de même que tu écrives » et je n’écrivais pas.
Un jour, j’ai réalisé
qu’on pouvait écrire autre chose que des romans… et je remercierai
Cherry Plum jusqu’à la fin de mes jours de m’avoir incité à ouvrir un
blog puis de m’avoir invité sur celui-ci.
J’écris, maintenant. C’est
sans prétention, mais ça me nourrit l’âme. Ça me fait un bien fou. Tous
les matins, sauf exceptions, de 9h à 10h, j’écris. Je ne serai sûrement
jamais un grand écrivain, mais je m’en fiche, ce que je fais me plaît.
Et puis, hier, j’ai rencontré une ancienne copine du conservatoire que
j’avais perdue de vue depuis des siècles. Elle a monté une compagnie
avec son copain et ils font des
spectacles danse jonglage tous les deux. Ils en vivent, ils respirent
le bonheur, ils vivent leur rêve d’enfants.
Je ne savais pas qu’on
pouvait vivre de la danse comme ça. Je ne savais pas que c’était
possible.
Pourtant, j’avais l’impression de croire aux possibles, mais je me rends compte que mes possibles sont très limités alors que l’espace du possible est immense !
Je ne pense pas que je vais monter une compagnie de danse, je ne pense pas que je vais me reconvertir et changer de métier… en tout cas, pas tout de suite ! Je ne suis pas sûre que mon rêve d’enfant soit mon rêve d’adulte… la question mérite toutefois d’être posée. En tout cas, ce possible-là, me donne des ailes. Ça me donne le sourire, ça me réconcilie avec mes rêves, ça m’ouvre des milliers d’autres possibles…
Alors un mot de la fin (provisoire forcément) : cherchez vos rêves, surtout ceux que vous avez raisonnablement mis au placard. Il y a sûrement une forme de possible pour eux aussi… et surtout, ne dites jamais à vos enfants que ce qu’ils veulent faire est impossible. Laissez-les rêver et ils trouveront les moyens d’accomplir leurs rêves…