Agissez !
Pendant
longtemps, l’état dans lequel on mettait notre planète m’a désespéré. Les
raisons de s’alarmer ne manquent pas et il suffit d’ouvrir les yeux, les
oreilles ou un journal pour trouver des motifs d’inquiétude, de colère, voire
de rage. On massacre à tout va, les paysages, les animaux, les liens sociaux,
la confiance, la paix… c’est un véritable cauchemar et ce n’est pas bien
compliqué de ne voir que ça. Surtout qu’avec l’objectivité de nos médias… (les
seules bonnes nouvelles qu’ils savent annoncer sont les médailles sportives et
les remises de prix quels qu’ils soient, mais ce n’est pas l’objet de cet
article)
Le
plus déprimant dans l’affaire étant notre profond sentiment d’incapacité, d’incompétence
face à tout ça. Que pouvons-nous faire pour la paix dans le monde ? Pour
qu’on ne crève plus de faim en Afrique ? Pour que les enfants de 6 ans de
s’usent plus les yeux à tisser nos tapis ? Pour que les juges ne condamnent
pas à tort ? Pour que les CRS tapent moins fort ? Que « les
jeunes des cités » (tout un programme, déjà, le nom dont on les affuble)
soient moins désespérés ?
On
m’avait dit, souvent, « mais tu peux faire quelque chose, agis… »
Bof. Pas l’énergie, pas le courage, une goutte d’eau dans la mer… C’est vrai et
faux à la fois.
Ce
dont je suis certaine, pour l’avoir expérimenté, c’est qu’on ne peut commencer
à agir véritablement pour les autres que si l’on a auparavant agi pour soi, si
on a comblé ses besoins de base. Difficile de se bouger quand on est déprimé, a
fortiori pour les autres ! Mais ce que je découvre en ce moment, c’est l’énergie
que ça donne de faire enfin quelque chose. Aussi petit soi le quelque chose en
question. Par exemple, moi, j’ai commencé par animer ma réunion sur la
simplicité volontaire. Une réunion par mois, qui concernait 12 personnes. C’est
une action modeste… mais c’est génial ! On a eu des échanges formidables,
on a ouvert des portes qu’on pensait fermées à clé et surtout, les gens ont
entamée une réflexion qui va bien au-delà de ce pour quoi ils étaient venus au
départ ! Je suis certaine que de minuscules graines ont été semées, qui
vont germer et grainer à leur tour.
Depuis,
encouragée par ce premier résultat, j’ai rejoint une très importante
association, très très active. Elle organise un gros salon tous les ans depuis
14 ans, qui attire de plus en plus de monde (150 exposants, 11000 visiteurs
lors de la dernière édition). A l’heure actuelle, le projet est de créer un
centre de ressource permanent où seraient organisés des stages d’auto-construction,
proposées des conférences, animés des ateliers divers et variés… Il y a tout à
faire, définir le projet, demander les subventions, construire les bâtiments
(en autoconstruction en partie…) ça foisonne d’idée, d’initiatives, les gens qu’on
rencontre lors des réunions viennent d’horizons très divers, c’est absolument
enthousiasmant.
Pendant
que je fais ça, je ne désespère plus. Je dirais même plus, ça me donne la pêche :
il y a des gens qui se battent pour que ça change, et j’en fais partie.