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Lettre ouverte aux sceptiques
Chers sceptiques, chers consommateurs outranciers, chers winners, chers anti-discours-rébarbatifs,
il y a quelques jours, j'ai fait une crise d'aquoibonite aigüe dont les symptômes les plus marquants sont : colère, paranoïa, nausées, abattement, repli sur soi. Cette affection est particulièrement douloureuse puisqu'il n'existe qu'un remède, non encore vendu en pharmacie : l'optimisme.
Je me suis emportée contre vous, mais aujourd'hui c'est précisément à vous que j'ai envie de m'adresser.
A vous qui ne voyez pas l'intérêt de faire plus attention à notre consommation des objets et des énergies.
A vous que les discours militants écolos barbent par leur rengaine et leur ton alarmiste.
A vous qui adorez consommer et qui ne voyez pas "le mal à se faire du bien".
A vous qui pensez sincèrement que ce n'est pas en fermant le robinet quand vous vous brossez les dents que l'eau potable sera accessible au reste de la planète.
A vous qui trouvez trop contraignant le fait de devenir écolo.
A vous qui trouvez trop chers l'alimentation bio ou les jouets en bois.
A vous qui n'avez pas envie de vous priver, de manger moins, de dépenser moins.
A vous qui rêvez d'oppulence, de richesses matérielles, d'une liste au Père Noël.
A vous qui pensez que l'écologie est une religion triste et sévère.
A vous qui prenez les écolos pour de doux rêveurs ou de véritables emmerdeurs.
Je n'ai en fait qu'une chose à vous demander : vous croyez-vous libres?
Oui?
Parce que vous dépensez comme bon vous semble? Parce que les magasins regorgent de nombreux produits variés et qu'ils vous offrent un large "choix"? Parce que vous avez le loisir de manger des fraises en décembre et de vous offrir des cosmétiques hors de prix? Parce que vous faites ce que vous voulez quand vous le voulez, tant sur le plan de la consommation que sur le plan festif ? Parce que vous avez le droit de vote ? Parce que vous avez le pouvoir de zapper une émission de télé, d'inverser les tendances de la mode, de descendre en flèche un nouveau concept ou de de porter aux nues un nouveau produit? Parce que le "client est roi"?
Roi, oui... mais il me semble souvent qu'il est n'est pas le roi de ce qu'il souhaiterait....
N'avez-vous jamais réalisé que nous ne sommes que des pantins dans les mains des publicitaires et des marketeurs de tout poil? N'avez-vous jamais pensé qu'ils nous traitent comme des rats de laboratoire, épiant tous nos faits et gestes pour pouvoir créer des produits qui nous "correspondent" et surtout encaisser un maximum de fric?
Vous êtes en fait enfermé dans un prison dorée. Pas convaincu? Alors regardez-vous dans un miroir. Que portez-vous actuellement sur vous? Des vêtements à la mode? Un téléphone portable (dont vous vous passiez très bien il y a 10 ans)? Une coiffure tendance? Avez-vous mis votre crème anti-rides ce matin? Avez-vous mangé au petit-déjeuner un yaourt renforcé en calcium, mangé du beurre aux oméga 3, mangé des céréales enrichies en vitamines et minéraux? Avez-vous eu le temps de feuilleter les catalogues de Noël et de choisir pour vos enfants des jouets siglés aux couleurs de leurs dessin animé préféré? Qu'avez-vous mis dans le cartable de vos enfants pour le goûter? Ne serait-ce pas ces biscuits fourrés qui donnent plein d'énergie (selon qui)?
Où est votre liberté d'action dans tout cela? Où est votre décision, votre libre-arbitre?
Chaque jour, les diktats de la mode vous disent si vous devez vous habiller en jaune, en cuir, en jupe ou en string (même si c'est inconfortable au possible!)
Chaque jour, les publicitaires vous font croire que vous êtes moche avec vos rides, vos kilos, vos vergetures, votre calvitie, votre ventre flasque et vos fesses tombantes.
Chaque jour, la publicité vous prend pour un abruti, incapable de savoir ce qui est bon pour vous et votre famille, en vous disant quoi manger, avec quoi vous laver...
Chaque jour, elle utilise vos enfants pour vous faire dépenser plus d'argent et vous éloigner du dialogue, de la simplicité.
Vous croyez avoir le choix quand finalement, on vous dirige en permanence vers ce qu'on veut vous faire acheter. Vous n'êtes pas libre quand vous êtes esclave d'une marque de yaourts, d'un style de vêtements, d'une voiture à avoir. Vous n'êtes pas libre quand vous croyez être "bien obligé" d'acheter ce style de nourriture ou ce jouet pour que vos enfants ne vous cassent pas les pieds.
Alors, non, il ne s'agit pas de vous culpabiliser pour vos actes d'achat ou pour l'air que vous respirez.
Il s'agit seulement de ne jamais offrir à qui que ce soit le droit de penser à votre place, de décider pour vous de la manière dont vous souhaitez vivre.
Il s'agit de savoir, pourquoi vous consommez comme ceci ou comme cela. Il n'y a rien de plus jouissif, puissant, réconfortant, valorisant, rassurant que d'âtre libre dans sa façon d'agir. L'écologie ne se résume pas à manger bio ou à mettre des noix de lavage dans sa machine. Elle est seulement la conséquence d'un nouveau mode de pensée, loin des obligations, des diktats, des études de marché. Elle est une évidence quand vous reprenez en main votre liberté d'agir.
C'est difficile parce que nous avons toujours été habitués à ce que les autres pensent à notre place (profs, gouvernement, médecins, personnel social, institutions, industriels, laboratoires pharmaceutiques, scientifiques, historiens, publicitaires...) mais c'est un combat que l'on peut mener malgré tout.
Un combat? Pas envie? Vous êtes égoïste et vous vous fichez de combattre pour les autres?
TANT MIEUX.
Car la seule personne pour laquelle je vous demande de combattre, c'est vous-même. Pour votre propre bénéfice. Un seul objectif : VOTRE liberté.
Parce que la liberté n'est ni un droit, ni un devoir, c'est une qualité innée et inaliénable au même titre que l'individualité et la différence.
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