Le chantage, ça vous dit quelque chose ?
Une des choses qui m’étonne le plus depuis que je suis devenue mère est la facilité à laquelle le chantage me vient à la bouche. « Si tu ne ramasses pas tes affaires, je ne te donnerai pas ce que tu demandes » « Si tu ne nettoies pas tes bêtises je ne jouerai pas avec toi. » « Si tu ne te calme pas tout de suite on rentre à la maison »... Etc.
Or, si le chantage n'apparaît pas comme violent au premier abord (pas de coup, pas d'humiliation...) il l'est tout de même de façon très insidieuse.
Le petit Robert donne la définition suivante du chantage : " Action d’extorquer à qqn de l’argent ou un avantage sous la menace d’une imputation diffamatoire, ou d’une révélation compromettante. Par extension : Moyen de pression utilisé pour obtenir quelque chose de qqn."
Nous faisons donc pression sur nos enfants pour qu'ils fassent ce qu'on attend d'eux.
Et vous, pratiquez vous ce moyen de pression ?
On trouve parfois plus simple de menacer que de discuter... Je suis convaincue que le chantage n’est pas une « bonne méthode éducative » parce que l’enfant ne fait pas ce qu’on lui demande parce que cela a un intérêt pour lui, parce qu'il comprend pourquoi il doit accomplir telle ou telle action qui a du sens pour lui, mais par crainte d’un événement désagréable ou par envie d’une récompense. « Si tu fais tes devoirs, tu pourras aller au cinéma. » L’enfant fait ses devoirs, certes, mais pas par envie d’apprendre, ni par intérêt, mais pour aller au cinéma… Or, quel est le but visé lorsqu’on demande à un enfant de faire ses devoirs ?
De plus, la menace est rarement en lien avec l'action demandée, cela a rarement de sens pour un enfant : en quoi ne pas faire ses devoirs pourrait l'empêcher d'aller au cinéma ? En quoi ne pas essuyer la table l'empêche de lire une histoire avec moi ?
Trouver la raison qui motive le refus de l'enfant est autrement plus difficile que de le contraindre à agir (quoique!) mais plus gratifiant et à long terme plus « efficace ». Cela peut aussi nous amener à revoir nos exigences à la baisse...
Quant au chantage affectif, il est véritablement
dangereux pour l'enfant : votre amour pour lui ne doit jamais être
soumis à condition: vous l'aimez quoiqu'il arrive, c'est la
chose la plus importante au monde pour lui... alors banissez si vous le pouvez toutes les phrases assassines du style "je n'aime pas les enfants qui..." ou "je ne t'aime pas quand..."
Maintenant, lorsque je m'entends débuter une phrase par « si tu n'essuies pas... » soit je me tais immédiatement, soit je la termine en exposant les faits « ça va rester mouillé et on va peut-être glisser »...
C'est une vigilance de tous les instants !
S'écouter
parler, dans un premier temps, surveiller la façon dont on
donne des ordres à ses enfants, la façon dont on les
menace plus ou moins consciemment est un exercice difficile mais qui
ouvre les yeux sur des réalités parfois désagréables.
(Difficile aussi car nous avons souvent des moyens plus subtiles de
nous exprimer que le très classique « si...
alors ».) Après, seulement, dans un deuxième
temps, peut-on essayer de ne pas aller au bout de la menace, de se
taire avant qu'elle ne soit prononcée...
Si le coeur vous en dit, vous pouvez aussi vous pencher sur vos relations de couple. (ou avec vos parents...) Le chantage s'y exerce souvent d'une manière insidieuse. Par exemple, quand votre conjoint rentre tard, vous lui faites la tête systématiquement. Il saura désormais que « si tu rentres tard je fais la tête »...
Cherchez... et il est possible que vous trouviez !