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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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11 octobre 2006

Manger, un geste pas si simple...

J'ai longtemps cru que l'alimentation équilibrée que je proposais à ma famille répondait à un souci de bien-être, de valeur et de santé. Manger équilibré et presque végétarien, c'était permettre à mes enfants de goûter à tout, de découvrir de nouveaux légumes et de nouveaux mets. Les ouvrir au monde, leur enseigner l'importance du respect des saisons et les vertus des plantes, voilà un programme riche et valeureux.

Et puis, hier, je me suis demandé ce que représentait vraiment pour moi la recherche de "l'équilibre" et la traque des graisses, des sucres raffinés et des cochonneries industrielles. La santé? oui. Mais pas seulement.

La nourriture a pour nous bien plus qu'une valeur sanitaire. Nous avons avec elle un rapport de plaisir ou de déplaisir, de récompense ou de punition, de compulsion ou de maîtrise, d'envie ou de dégoût. Bref, là encore, ce que nous mangeons et surtout la façon dont nous le mangeons, parle de nous.

C'est ainsi que j'ai compris que, moi que mes parents ont toujours jugée excessive, débordante en tout, prétentieuse (donc "trop" tout), j'utilise la nourriture pour maîtriser au maximum ces excès, pour "équilibrer" le plus possible ces débordements et coller ainsi à l'image de la petite fille calme et silencieuse dont rêvaient mes parents. Manger une galette de riz plutôt qu'un pain au chocolat me permet donc d'être raisonnable et mesurée plutôt que voluptueuse et gourmande.

J'ai mieux compris alors la culpabilité que je pouvais ressentir quand il m'arrive (rarement) d'acheter des produits industriels, de nous faire livrer une pizza ou d'offrir à mes enfants ces hamburgers qu'ils aiment tant!

J'ai compris aussi que proposer à ma famille cette nourriture, c'était leur demander de l'amour, leur demander de me rassurer sur leur affection pour moi, leur demander d'affirmer que je prenais "bien soin d'eux" et que j'étais une bonne mère/épouse/belle-mère. Mais, une fois encore, le schéma projectif est enclenché et ce n'est pas mes enfants, beau-fils et mari dont je cherche l'approbation, mais bien mes parents.

A partir de 13 ans jusqu'à environ 25 ans, j'ai eu des périodes alternées de boulimie et d'anorexie. Lorsque j'expliquais à ma psy que je n'utilisais plus la nourriture pour me détruire, elle me fit remarquer que, si les comportements compulsifs avaient éffectivement disparu, le processus était toujours présent : finir les restes de mes enfants à table parce que je n'aime pas le gaspillage, alors que je n'ai plus faim, c'est manger outre-mesure. Sauter mon déjeuner parce que le frigo est quasi vide et que je préfère laisser ma part aux autres, c'est me priver volontairement de nourriture.

Il en va de nos rapport à la nourriture comme de nos rapports à l'argent. On les croit évidents et sains, ils sont souvent porteurs de nos souffrances.

Et vous? Comment mangez-vous? Que représente la nourriture pour vous? Pourquoi voulez-vous maigrir? Pourquoi voulez-vous grossir? Qui sont les personnes réelles pour lesquelles vous cuisinez? Que servez-vous en même temps que vos plats?

L'ironie du sort aura voulu que ce matin même, alors que j'avais déjà décidé d'écrire cet article, ma fille me dit ceci au petit déjeuner :

"J'aime quand les parents font des tartines au beurre, parce que c'est de l'amour qu'ils étalent"

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Commentaires
G
Depuis le début je me retrouve entièrement en toi Cherry plum, encore plus quand j'ai lu ton sujet sur les personnes toxique ( rapport avec ta mère) mais là je comprends encore un peu mieux moi aussi j'ai alterné à partir de 12 ans anorexie boulimie jusqu'à environ 21 ans. Problème sacrément lié à la relation à la mère...<br /> Mes cinq grossesses (après quelques années où mes règles avaient complètement disparues) ont fini de me réconcilier avec mon corps. Par moment je me dis que je ferais mieux de réfléchir par moi-même plutôt que de vous lire mais bon ça fait du bien de trouver des gens qui nous ressemble...moi aussi j'ai 30 ans.<br /> Gamma
C
J'aurais appris un petit quelquechose de plus. Quand à la nouriture réconfort: je ne suis pas une sainte je connais bien aussi mais c'est assez ponctuel et là balance n'a pas le temps de s'affoler.
P
une amie de ma mère fait comme cela aussi : son fils a 13 ans et frôle l'obésité. <br /> Ce qui est étonnant, c'est que la maman est très très mince et fait ultra attention pour elle...mais en y regardant de plus prés, j'ai compris ce qui se passait : elle donne à son fils ce qu'elle se refuse constamment, et ne veut pas qu'il subisse les mêmes frustrations qu'elle qui est toujours au régime "salade/yaourt" :-( quel effet rebond pervers :-/<br /> Pour ton foie (c'est un sujet que je connais très bien pour y avoir eu deux maladies graves), ce n'est pas lui qui te dit "stop" quand tu manges trop gras ou trop lourd...on ne souffre pas du foie à proprement dit, ni de "crises de foie"...c'est l'estomac (perso, j'ai mal dans les minutes qui suivent un repas trop riche, particulièrement en sucre ou graisses animales - redoutables les glaces et la chantilly avec mon intolérance au lactose - alors que ça n'a pas eu le temps du tout d'arriver au foie) et la vésicule biliaire qui souffrent dans ces cas-là. La vésicule a trop de déchets à traiter, s'emballe, déborde et fait mal.<br /> J'ai la même vision que toi du plaisir à manger et offrir de manger...avec malheureusement, des périodes où j'ai plus envie de manger que besoin...pour me remplir de douceur. Et je stocke tout, c'est dingue. Le moindre écart le WE (une part de tarte au chocolat par ex) se solde par un écart sur la balance :-(
C
celui d'une collègue qui elle fait très attention à sa silhouette et à son apparence et m'avouait hier être incapable de refuser à sa fille de reprendre 3 fois des pates de boire des boissons sucrèes gazeuses à table alors qu'elle accuse à 9 ans un léger surpoids constaté par son médecin. Elle espère que sa fille finisse par se responsabiliser d'elle même! La fillette n'est encore pas obèse, je l'ai déjà vue à la piscine, juste au maximum un peu ronde ce qui l'empèche de rentrer dans les vétements exactement de son age. Mais je crains plus pour les effets à long terme de ces mauvaises habitudes.
C
Sujet difficile et simple pour moi qui n'ai pas de problème de poids et n'en ai jamais vraiment eu: vers 20ans: 56kg pour 1,60m aujourd'hui 53kg, je n'ai jamais fait un seul vrai régime. Les seuls moments ou j'ai fait monter la balance un peu trop haut furent les rares périodes ou je mangeais à la cantine et ou je m'étais mise à finir mon assiette comme les autres alors que je n'en avais pas besoin. Je suis gourmande, j'aime les bon plats sucrès ou salés mais j'ai le foie sensible aussi je suis très vite écoeuré si je mange un peu trop de sucre ou un peu trop lourd. J'ai parfaitement conscience de la sensation de faim qui me fait perdre toute concentration intelectuelle. à tel point que j'avais pris l'habitude de gouter au bureau jusqu'à ce que je découvre que les protéines au petit-dèj m'aidaient à tenir plus longtemps.<br /> En générale je prépare ce que j'ai envie de manger en nuançant quand je sais que ça ne va pas plaire à tout le monde, J'aime cuisiner et c'est pour moi que je le fais, c'est d'abord moi que je régale en cuisinant car mon homme ne fait souvent pas plus de cas des plats mijotés que des trucs vite-fait. C'est donc d'abord un plaisir égoïste mais c'est aussi un vrai plaisir quand exceptionnelement je reçois et que mes convives reconnaissent mes talents et quand même mes enfants savent parfois me signaler que le plat leur a plu.
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