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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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Bio-Blog, chroniques de deux consommatrices repenties
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7 avril 2006

De la fatigue

Je suis fatiguée depuis 15 ans. Je ne suis pas dépressive, je ne suis pas malade, je ne suis pas anémiée. Non, je suis juste fatiguée. Je ne mène même pas une vie de dingue, courant à gauche à droite du matin au soir pour réussir à faire tenir une double journée en 24 heures. (enfin, en temps normal, si, depuis mon congé parental, ce n’est plus le cas). Simplement, je ne me couche pas quand je suis fatiguée et je fais la sourde oreille aux signaux de mon corps les plus évidents.

Je vais bien être obligée, surtout maintenant que je commence un tout petit peu à accepter de me reposer (cf : j’ai le droit de…) de me poser sérieusement la question : quel est l’intérêt de ne pas être reposée ? Et par extension, pour ceux qui ne se sentent pas concernés par ce message, l’intérêt d’en faire trop, de ne pas déléguer, de courir sans cesse… ?
J’en vois plusieurs :
- se plaindre. En faire trop semble nous autoriser à geindre. Du style « avec tout ce que j’ai fait aujourd’hui… » or, personne ne nous oblige à faire tout ce qu’on fait sinon nous même. Et si on ne fait pas ce qu’on fait pour soi, on tombe dans des travers dangereux où l’on se met à en vouloir aux autres pour ce qu’on fait pour eux…
- éviter de s’interroger, s’empêcher de penser. Faire trop de choses, ou être trop fatigué, permet d’éviter des questions dérangeantes comme par exemple les questions sur le sens de ce que l’on fait, le sens qu’on voudrait donner à sa vie, la direction générale qu’on souhaiterait prendre. Le nez dans le guidon, tout retour sur soi est presque impossible et en tout cas très difficile. Etre tout le temps fatigué rend les pensées beaucoup moins nettes et tranchantes. Du coup, ça fait moins mal… du moins, c’est ce qu’on se dit. La fatigue, à un certain point, vous rend groggy.
- se limiter. Nous avons tous un côté créatif qui sommeille. Certains sont doués pour la couture, d’autres pour le dessin. Certains sont des cordons bleus d’autres des conteurs nés… Mais comment trouver le temps et l’énergie de s’y mettre… ? Et si en fait, nous avions surtout peur de nous y mettre, peur d’échouer, peur d’être ridicules… ? Si en fait, cela faisait bien moins peur de ne rien faire du tout… mais que ne pouvant pas l’assumer à nos propres yeux nous ayons besoin d’une ou plusieurs excuses… ? (avec la vie que je mène, avec ma fatigue, tu comprends…)
- se rendre indisponible. Avoir un emploi du temps bétonné interdit de saisir les opportunités qui se présentent. De même, être trop fatigué n’autorise pas à être pleinement disponible pour l’autre. Si votre conjoint a un coup de calgon à 23h et que vous tombez de sommeil, vous vous endormirez pendant qu’il vous narre ses états d’âmes… (ça m’est arrivé, le lendemain, je ne me souvenais plus de quoi il m’avait parlé… et je n’en étais pas très fière !)
- …

Allez, je vais me refaire une petite séance de mantra… « j’ai le droit de me reposer, j’ai le droit d’exprimer ma créativité, j’ai le droit de ne pas trop en faire pour les autres… »

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Commentaires
M
j'ai découvert ce blog il y a seulement 3 jours, et donc je prends un peu le train en marche pour les discussions!<br /> en ce qui me concerne, je sais à peu près gérer la fatigue physique, écouter les signaux du corps, en tous cas, elle ne m'angoisse pas...<br /> je suis beaucoup plus vulnérable à la fatigue morale, car diffuse, elle avance masquée, se cache derrière toutes mes peurs (est-ce-que je suis sûre du sens de ma vie, est-ce-que je fais vraiment le métier pour lequel je suis faite, est-ce-que je ne fonctionne pas trop par rapport au regard des autres?)<br /> en même temps, je sais que c'est juste une question de foi, mais c'est souvent dûr à tenir!<br /> merci pour votre blog, qui aide infiniment dans ce sens et qui contient des trésors...
C
question facile et difficile à la fois:<br /> <br /> En ce qui concerne la fatigue je la ressent assez facilement et je sais d'expérience que si je ne l'écoute pas suffisement je vais me retrouver coincée au lit une paire de jour par un vilain rhume. Seulement j'ai souvent du mal à évaluer ce que j'ai pu faire de trop pour en arriver là car les causes fatigues psychique et physique sont souvent mélées. et J'ai aussi du mal à évaluer quand la fatigue s'installe si c'est juste un coup de feignantise qui me bloque pour ne pas faire telle ou telle tache ou si je devrais encore trouver un bout de courage pour la faire.
C
et bien je n'en ferai pas trop ce soir et je vais de ce pas en direction de mon lit en ayant lu seulement 4 lignes de ce billet, il n'est pas tard seulement 21h mais je me suis levé trop tot ce matin et peu reposé aujourd'hui.<br /> Je reviens demain matin (pas trop tôt j'espère pour terminer de le lire.)
A
Prumtiersen: je trouve la question que tu poses très pertinente. La réponse est peut-être oui... en tout cas en ce qui me concerne. Ce qui signifierai qu'il ne me reste plus qu'à accepter ma vulnérabilité et à l'exprimer éventuellement autrement... En tout cas, je vais y réfléchir.<br /> Liaambrosia: merci pour tous ces encouragements...
P
merci Aspen pour ta lumineuse visite in Immemory.<br /> je rajoute à propos de la fatigue, la réflexion suivante (liée aux travaux d'Alain Ehrenberg in La fatigue d'être soi.) :<br /> <br /> "La fatigue est elle un moyen d'exprimer notre vulnérabilité dans un monde qui valorise l'action ?"
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