Cododo…
On appelle ainsi le fait de dormir avec ses enfants, soit dans la même
pièce, soit dans le même lit. C’est une jolie traduction du terme
anglais « cosleeping ».
Chez nous, le cododo ne se fait pas. Tous les
psy vous le diront, c’est mauvais pour les enfants, mauvais pour les
parents, mauvais pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que. C’est comme
ça, et c’est tout.**
En ce qui me concerne, ce fait était d’une telle
évidence que jamais je n’aurais pensé le remettre en question. Mais,
car il y a un mais… j’ai vu des copines faire du co-sleeping et leurs
enfants vers un ou deux ans réclamer leur propre lit… (et l’avoir, bien
sûr !)… et ça m’a fait réfléchir. Ça m’a fait cogiter sec, même. Parce
que quoi…
Parce que dans le même ordre d’évidence, on m’avait dit que
les enfants faisaient leurs nuits vers deux mois. Très bien. A dix
mois, mon fils ne faisant toujours pas les siennes, j’ai commencé à me
demander si quelque chose n’allait pas bien, et j’ai appelé le centre
médico-psychologique du coin. J’ai enfin obtenu un rendez-vous six mois
plus tard. Il se réveillait toujours toutes les nuits. Nous avons été «
suivis » un moment et il est apparu très clairement que notre fils
allait très très bien.
Les consultations n’arrangeant cependant en rien
son sommeil, j’ai cherché ailleurs… et découvert, à ma grande
stupéfaction et à mon immense soulagement, qu’à deux ans, 40% des
enfants se réveillaient encore une ou plusieurs fois par nuits. Notre
fils était donc normal ! Ouf. En fait, ce qui était difficile, ce
n’était pas tant qu’il se réveille la nuit, mais le fait d’être obligé
de se lever pour le consoler, ou lui donner le sein. S’il avait été
plus proche, cela aurait été beaucoup moins fatiguant.
Donc, j’ai
continué à lire. Pour redécouvrir ce que je savais déjà, à savoir que
dans tout le monde non occidental, les enfants dorment près de leurs
parents. Je le savais, mais… autres lieux, autres mœurs, n’est-ce pas ?
Pour une raison obscure, ce qui était possible ailleurs ne l’était pas
ici. Ici, les enfants qui dormaient avec leurs parents été perturbés,
devenaient tyranniques ou pervers… Non, je caricature à peine.
Ailleurs, non, ça allait très bien pour eux. Etions-nous donc si
différent du reste de l’humanité ? Nous et les autres ? Peu probable !
(A moins d’en revenir aux thèses racistes et de considérer les autres
comme des sauvages ayant forcément tort et nous raison… Pas trop ma
tasse de thé, ce genre de raisonnement, c’est le moins qu’on puisse
dire !).
Une fois qu’on a un peu desmystifié tout ce qui a trait au cododo, il
apparaît en fait que cette pratique présente un certain nombre
d’avantages, à la fois pour les parents et pour les enfants. (J’y
reviendrai une autre fois)
Alors, attention, mon propos n’est pas de dire : « Il faut dormir avec
ses enfants ». Pas du tout. Il s’agit au contraire de déculpabiliser
tout le monde en affirmant que « Si vous avez envie, c’est tout à fait
autorisé, ça ne fera de mal à personne. »
Et accessoirement, cette petite réflexion : en matière d’éducation, plus encore j’ai l’impression que dans les autres domaines, remettre en question les évidences est une tâche extraordinairement difficile… Parce que les évidences étant ce qu’elles sont, qui penserait qu’elles ne sont peut-être pas si évidentes que ça ? Allez-vous, facilement, commencer à douter du fait que les citrons sont jaunes ? Non, et bien nous avons tout un tas de schémas de pensées inscrits tout aussi profondément.
Pour en revenir à mon cas personnel, j’ai donc décidé, avant la naissance de ma fille, qu’elle dormirait avec nous, pour tout un tas de raisons objectives et aussi, moins objectives, je l’avoue. Je n’avais pas du tout anticipé sur le plaisir que ce serait que de l’avoir blottie tout contre moi la nuit, ni sur la sérénité que ça me donnerait de la sentir respirer et donc de savoir sans avoir à tendre l’oreille ni à me lever, qu’elle allait bien. Là, au moment où je vous écris, elle dort sur mes genoux. Elle peut dormir jusqu’à deux heures d’affilée dans mes bras ou dans le porte bébé alors que posée ça dépasse rarement la demi-heure… J’en conclus donc que c’est bien aussi pour elle, que ça la rassure et qu’elle peut ainsi s’abandonner au sommeil en toute tranquillité... et me laisser bloguer en paix !!!
**(En fait, il s’agit pas mal de peurs irrationnelles : peur d’étouffer son bébé, peur de l’inceste, peur d’une trop grande intimité, peur de se faire « avoir » par ses enfants, peur qu’ils ne quittent notre lit qu’à 22 ans !… A nous de bosser sur nos peurs, pour ne pas que nos enfants aient à en subir les conséquences. A nous de faire des vrais choix, (même si parfois nous serons en désaccord avec la majorité ) qui ne sont pas uniquement guidés par la trouille…)