Ca ne peut pas leur faire de mal...
On entend souvent
dire : une petite tape, ça ne peut pas leur faire de mal. Mais apprécieriez-vous
qu’on vous tape ? Trouveriez-vous ça normal ? Vous diriez-vous, ça ne
peut pas me faire de mal ? Ou vous sentiriez-vous humiliés, blessés,
incompris ? Imaginez que vous fassiez une bêtise et qu’au lieu de vous
expliquer en quoi c’est « mal » on vous donne un coup… C’est ainsi
qu’on procède avec les animaux, on leur inculque des réflexes : ça, ça
fait mal, je ne le fais pas, ça, ça m’apporte une récompense, je recommence.
Voulons-nous dresser nos enfants ? Ou voulons-nous les accompagner ?
J’entends bien que
parfois les enfants nous poussent à bout, qu’ils sont
« insupportables ». Mais ne manifestent-ils pas ainsi qu’ils ont un
besoin qui n’a pas été entendu ? Quand mon fils commence à faire n’importe
quoi (il sait très bien ce qui est interdit, il le fait donc en connaissance de
cause) c’est parce que je ne m’occupe pas de lui. S’il fait des bêtises, il
espère que je lâcherai ce que je suis en train de faire pour venir le gronder.
Ça ne loupe pas. Mais aussitôt je retourne à mes moutons… et lui à ses bêtises.
Nous pouvons alors aller très loin comme ça, moi m’énervant de plus en plus,
lui devenant de plus en plus insupportable jusqu’à ce que d’un coup ça fasse
tilt et que je me demande vraiment « mais qu’est-ce qu’il
veut ? ». Et comme par miracle, les bêtises s’arrêtent. Alors que les
punitions n’arrêtent rien. Comme le dit si bien Isabelle Filiozat « le
problème des punitions, c’est que ça ne marche pas. » (Contrairement aux
sanctions… qui ont un réel rapport de cause à effet).
Voici un petit
texte d’Olivier Maurel, trouvé dans le journal « ressources parents »
disponible sur le site de "la maison de l'enfant".
« Trouverions-nous
normal (..)
- qu’un
policier nous gifle en cas d’infraction au code de la route ?
- que
le personnel d’une maison de retraite frappe les personnes âgées qui, à cause
de l’état de leur cerveau, refusent de manger ou de se laver ?
- qu’un
mari gifle sa femme qui lui aurait dit un mot plus haut que l’autre ?
-qu’un
passant nous gifle parce que nous l’avons bousculé par mégarde ?
Pourquoi ces deux
poids deux mesures ?
-Les
fautes que nous commettons en conduisant sont pourtant autrement plus graves
que les « sottises » des enfants.
-Le
cerveau des enfants est inachevé et ne leur permet pas plus de se maîtriser en
toutes circonstances que celui des personnes âgées qui ont perdu des neurones.
- Les
enfants ne sont pas moins respectables que les femmes.
- Et
ne méritent pas moins de respect que n’importe quel adulte.
Nous souhaitons
que tout un chacun se conduise avec justice envers nous. Conduisons-nous avec justice
avec no enfants. Ne leur infligeons pas ce que nous refuserions absolument de
subir. »
Pourquoi est-ce si
difficile pour nous d’entendre qu’il n’est pas « normal » et « acceptable »
de frapper un enfant ? Parce que, pour la plupart d’entre nous, nous avons
reçu au moins quelques claques. Certains de façon habituelle et quotidienne. Et…
nous avons survécu, non ? Et nos parents n’étaient pas des monstres… Ils
pensaient bien faire… Alors, pouvons-nous admettre le fait que, même pensant
bien faire, ils nous ont fait du mal, qu’ils n’avaient pas le droit de nous
frapper ?
Une dernière info
à méditer : treize pays, dont douze européens, (mais pas la France) ont
interdit tout forme de violence à l’égard des enfants…