Combien est assez ?
Voici un exercice bien difficile. Il consiste à décider pour chaque
sorte d’objet, combien est « assez ». Par exemple : quel est le nombre
de casseroles que vous jugez suffisant ? Il y a un mois, j’en avais une
dizaine… Ne riez pas ! Maintenant, j’ai ai quatre. Et deux poêles. Et
des cocottes… Oui, il me reste sûrement encore beaucoup trop de trucs.
Mais bon, c’est déjà mieux. Pensez à votre garde robe. Avez-vous besoin
de vingt pantalons ? Peut-être pas… (Probablement pas !)
Cette réflexion sur le « assez » est délicate parce que nous avons plus
ou moins été élevés dans l’idée que plus c’est mieux. L’objectif de
beaucoup d’entre nous, jusqu’à ce que nous en prenions conscience est
d’avoir, dès que possible, une voiture plus belle, une maison plus
grande, plus d’habits, des bijoux plus chers etc etc.
Depuis l’enfance
nous pensons que quand nous serons plus grands, plus riches, auront des
meilleures notes, la vie sera plus belle. Mais « plus », reste toujours
abstrait…et sans fin. Si on a une note un peu meilleure, on peut
toujours l’améliorer. Il y aura toujours un gus dans votre rue qui aura
une voiture plus coûteuse que la votre. C’est pour ça que rester dans
l’idée du « plus c’est mieux » ne peut que vous rendre malheureux en
vous empêchant de profiter de ce que vous avez déjà. Alors que définir
combien est « assez » vous permet soit de vous rendre compte que vous
avez déjà assez (de chaussures, de casseroles, de pièces dans la
maison…) soit de savoir qu’il vous sera possible d’avoir assez un jour
dans tel ou tel domaine.
Un autre avantage de cette connaissance :
autoriser le désencombrement et éviter le réencombrement : pourquoi
acheter un tee-shirt de plus, même s’il est très joli, si vous en avez
déjà assez ? Et cette crème de jour ? Vous en avez déjà cinq mais vous
n’en mettez qu’une à la fois sur votre figure, non ? Et ce joli papier
à lettre ? Quand avez-vous écrit une lettre pour la dernière fois ?
Discuter avec d’autres sur « combien est assez » dans tel ou tel
domaine peut vous aider à vous débarrasser de certaines idées
préconçues, tellement bien ancrées qu’il ne vous serait pas venu à
l’idée de les remettre en question. Mais attention, ce qui est assez
pour votre voisine peut être soit trop soit trop peu pour vous : il
n’est pas question de faire comme les autres, juste de partager des
idées, de s’encourager pour petit à petit, ne plus être esclave de la
consommation et des grandes enseignes qui s’évertuent à vous
convaincre, elles aussi, que vous avez besoin de plus…