Que voulons-nous transmettre à nos enfants ?
La question de la transmission se retrouve dans la plupart des magazines pour parents. Il semble important aujourd'hui de "transmettre" quelque chose, comme si vivre et être au mieux avec ses convictions personnelles ne suffisaient pas à montrer l'exemple...
Alors je me suis interrogée moi aussi sur cette idée de transmission. Et la simplicité volontaire s'est une nouvelle fois imposée à moi. Le fait de me simplifier la vie, de me détacher du "toujours plus", de cerner jour après jour ce qui est mon "assez", ma tendance sérieuse à la décroissance, le désencombrement matériel, la volonté d'aller de plus en plus vers le "fait maison" m'ont clairement montré la seule et unique chose que je souhaitais leur transmettre : rester simple et à l'écoute de ses besoins naturels.
Je maintiens ce que je disais dans mon article sur "les jouets simples", les enfants pratiquent d'emblée la simplicité volontaire, ils sont également naturellement écolos. Je reste convaincue que c'est nous qui leur apprenons à se compliquer la vie. Parce que nous sommes nous-mêmes souvent englués dans la consommation, nous les éduquons en consommateurs et nous nous plaignons quand, à 5 ans, ils réclament toute la journée de nouvelles choses et ne savent plus juste sauter et grimper aux arbres.
Pourtant, c'est nous qui :
- mettons la première goutte de sirop de fraise dans leur verre d'eau. Par essence, les enfants boivent le lait de leur mère et de l'eau.
- achetons la première dizaine de hochets à grelot, vibreurs, sauteurs, bruiteurs... par essence, les bébés se content de regarder les rideaux qui bougent au gré de la brise ou le linge qui tourne dans la machine à laver.
- faisons de Noël (même le premier) un "toujours plus" en matière de consommation. Par essence, ce que les petits enfants aiment dans les fêtes, c'est de passer de genoux en genoux, de se coucher plus tard qu'à l'ordinaire, de manger ce qu'ils veulent et de participer aux préparatifs.
- mettons nos enfants devant la télé et/ou l'ordinateur pour la première fois. Par essence, les enfants aiment juste s'amuser et passer du temps avec nous.
- faisons porter des vêtements de marques (même à 1 mois) ou leur créons une garde-robe fashion où tout est assorti. Cela ne fait plaisir qu'à nous. Par essence, les enfants aiment avoir chaud l'hiver, frais l'été et être à l'aise dans leur vêtements pour pouvoir sauter et courir. Ils ne comprennent pas naturellement l'intérêt de ne pas se salir.
- mettons entre leur mains, en nous extasiant, le jouet de la marque machin ou le super-truc-bidule-qu'on-a-acheté-très-cher. Par essence, les enfants aiment qu'on leur fabrique des choses, même si elles nous semblent moches ou neuneus, parce qu'ils sont fiers qu'on ait passé du temps à leur confectionner quelque chose.
Vous pouvez continuer la liste seul(e)s, je suis sûre que vous trouverez plein d'autres exemples. En étant des sur-consommateurs, on leur enseigne que consommer en permanence, que se couper du monde et des autres (par la télé ou les jeux vidéos), que porter des marques fait d'eux quelqu'un d'important, pire, fait leur personnalité. Adultes, ils croient alors que seuls leurs signes extérieurs de richesse pourront parler d'eux à leur place, qu'ils les définiront mieux que ce qu'ils ont dans le coeur.
En fait, je réalise que je n'ai rien à leur transmettre, j'ai juste à prendre garde à ce qu'ils conservent toujours leur naïveté, leur simplicité et leur sagesse naturelle. Qu'ils restent simples! Quand on y réfléchit, ce sont eux qui me transmettent quelque chose.
Un dernier exemple : ma fille de 5 ans adore les poupées depuis qu'elle a 1 an. Elle commençait à peine à marcher qu'elle trainait déjà sa première poupée par les cheveux. C'est une passion.
Depuis, chacun connaissant son amour des poupées lui en a offert de toutes sortes. Elle en a une dizaine, dont certaines de valeur.
Récemment, j'ai emprunté un livre à la bibliothèque intitulé : "Comment fabriquer ses poupées" dans l'idée d'en faire une pour ma filleule.
Ma fille m'en a demandée une avec grande insistance. Très étonnée qu'elle puisse apprécier les poupées en tissu face à celles qu'elle possède déjà, j'ai expliqué que le premier essai ne serait peut-être pas concluant et que la poupée que je fabriquerais serait sûrement moins jolie que les siennes.
Elle m'a répondu que c'était différent, que cette poupée là serait belle parce que c'est sa maman qui la lui aurait fait et qu'elle serait fière de le dire à ses copines.